mardi 9 décembre 2014

Comment je suis devenu marathonien (3ème partie)


 Enfin le jour J et il fait un temps magnifique. Comme en 2013 (j'étais spectateur). 
Quelle chance. Pas un pète de vent. J'ai surveillé la météo toute la semaine et je suis vraiment soulagé.

Je sais depuis 48h (par texto) que je porterai le dossard 2961. Je prie pour que ces chiffres me portent chance.

Je me réveille à 6h (comme tous mes camarades je suppose) pour prendre mon petit dej.
Là aussi je me suis bien penché sur la question. Glycogène à gogo (ça pourrait être un titre de polar)....

Vers 8h je prends le métro pour me rendre sur le pont de Coubertin et je croise bien sûr mes frères Runners. On est tous en short avec notre sac bleu estampillé "Marathon de toulouse". Les visages sont assez concentrés et moi j'en mène pas large. Arrivé à la dernière station il reste 5 minutes de marche pour accéder au départ. J'aperçois des coureurs Kenyans aux jambes interminables qui s'échauffent. Je ne les reverrai plus car je rejoins ma caste. Ben oui, n'ayant aucune référence, je me suis plutôt dirigé en fin de peloton et au moment du départ, je suis juste derrière les meneurs du 4h30, tout de jaune vêtus. Ils sont 5 ou 6 et la moyenne d'âge doit avoisiner les 60 ans.

Bon, mon but est de finir, c'est sûr, mais je me dis que si je fais 4h15 je suis vraiment content.
Mon dernier semi ayant été conclu en 1h53 je pense que 10km/heure c'est la bonne allure.


Voilà c'est (enfin) parti.
J'ai une gourde avec moi et je sais que si je veux éloigner les crampes de mes jambes il faut que je boive beaucoup.
Je mets 1 minute 40s pour passer la ligne de départ. On est quand même 6 000. Encore une fois j'adore être dans ce troupeau compacte. J'essaye tout de suite d'avoir un rythme régulier. Je dépasse les 4h30 en espérant ne pas les recroiser.
Je ne fais l'impasse sur aucun ravitaillement. A plusieurs reprises je re-remplis ma gourde et je mange des fruits secs. J'ai des pâtes de fruit sur moi également. Je prends mon temps car je sais que c'est important. Je passe les 21 km en 2h03. Tout va bien. Il faut que je garde ce rythme. Je suis étonné d'apercevoir les premières défaillances aussi vite. Quelques coureurs marchent déjà.
L'ambiance au bord de la route est excellente. Il y a du monde, des animations bien sûr. Quelques personnes m'encouragent personnellement. La première fois je me demande si je les connais. Je comprends enfin pourquoi il y a mon prénom sur le dossard. Sauf qu'ils se trompent. J'entends des "Allez arnaud"...."Ben non moi c'est armand"...."ah pardon !".
Pas grave ça fait vraiment plaisir.
Des gens que tu ne connais pas t'encouragent sincèrement. Encore aujourd'hui ça m'émeut.
Et puis il y a des familles, des enfants qui lancent des "Allez papa ou Allez maman".
Pas facile pour moi car avec ma femme nous sommes en procédure d'adoption. 2 petites filles nous attendent au Congo mais nous ne pouvons pas encore aller les chercher.
Je pense à elles et j'ai des montées d'émotions, presque des sanglots au fur et à mesure que la course avance. Et je me dis "Merde les autres vont croire que je suis à l'agonie"....mais non, c'est toute cette ambiance. Cela m'avait déjà fait ça au semi-marathon de Tournefeuille. J'avais déjà adoré voir des papas franchir la ligne d'arrivée avec leurs enfants.
Bon, c'est pas le tout mais j'ai une course à finir.

Après Aucamville et Castelginest nous repartons vers Toulouse, et cette fois-ci j'ai le soleil dans la poire. Je vais même prendre un coup de soleil. Ca je ne m'y attendais pas.
Je passe les 30 km en 3h. Yes ! tout va bien. Vais-je me prendre le mur ? Pour l'instant je garde le rythme, je tiens le bon bout. J'appréhende quand même beaucoup les crampes car je commence à avoir sérieusement mal aux jambes. En fait c'est simple, j'ai l'impression d'avoir deux bouts de bois et qu'il ne faut surtout pas que je me baisse ou je suis foutu.
On va passer les 35 km et on approche du centre. Il y a plein de monde.
Borderouge, Les Minimes, le Boulevard D'arcole (Mon quartier), et j'aperçois ma femme ! On se fait signe. Elle m'encourage bien sûr. Elle s'apprêtait à rejoindre le capitole et m'a vu presque par hasard. Je suis très fier qu'elle me voit et que je sois encore à peu près digne. Je dépasse beaucoup de participants qui ont renoncé à courir. Je sais depuis un certain temps que je vais aller au bout. J'ai vraiment mal au dos mais c'est supportable. Et j'entame enfin le dernier kilomètre. Il fait beau et il y a vraiment foule. Je n'entends plus grand chose.
Rue Alsace Lorraine......Rue Lafayette.
Dernière ligne droite, c'est mon heure de gloire !