vendredi 16 janvier 2015

La grande course de Flanagan

 Aujourd'hui je réouvre mon salon littéraire et je convoque Tom McNab pour son livre "La grande course de Flanagan". Afin de resituer l'auteur je préciserai juste qu'il a été entraineur d'athlétisme et consultant technique pour le film "Les chariots de feu".
En tant que spécialiste du milieu sportif il s'est lancé au début des années 80 dans un premier roman qui deviendra rapidement un Best-seller et dont la course à pied est l'élément central.

 

Le 21 mars 1931, en pleine Dépression, dans le stade de Los Angeles, Douglas Fairbanks donne le départ de la Trans-America : 2000 athlètes dont 121 femmes, venus de soixante pays, s’élancent vers l’est. Ils doivent rallier New-York en passant par le désert Mojave, Las Vegas, Les Rocheuses, Chicago, effectuant chaque jour un marathon. Cette course dotée de 360 000 dollars de prix, la plus grande jamais organisée, est l’invention d’un entrepreneur audacieux, Charles C. Flanagan, inspiré d’un personnage réel. 





 A la différence du Murakami que j'ai déjà évoqué sur ce blog et que l'on pourrait classer dans la catégorie "essai" il s'agit ici d'une véritable oeuvre romanesque. McNab nous plonge tout de suite au coeur de cette course "hors norme", véritable épopée humaine en nous faisant partager le parcours d'une poignée de coureurs exceptionnels aux profils très différents. Ainsi cette grande caravane constituée de 2000 athlètes au départ de L.A, va au fur et à mesure de son périple, se vider de ses éléments les plus fragiles ou téméraires. Le contexte de crise des années 30 et les dotations des prix qui récompensent les victoires d'étape, ont poussé certains à préjuger de leur forme. Rapidement, la sélection se fait et l'histoire s'articule autour de quelques personnages, tels le sprinter Ecossais Hugh Mc Phail, Lord Thurley, Doc Cole (qui fait bénéficier les autres de sa grande expérience), Mike Morgan (ancien ouvrier et boxeur), Kate Sheridan  (danseuse de cabaret), Martinez (le petit Mexicain qui court pour son village) et bien sûr Flanagan.

Nous sommes ici au coeur de l'Amérique et de ses mythes car finalement l'itinéraire de cette course reprend celle des premiers colons Anglais, mais dans l'autre sens. Il y est question, au-delà de la compétition, de dépassement de soi bien sûr et de solidarité. Malgré l'adversité Flanagan, l'organisateur, vivra son rêve jusqu'au bout. Je ne dévoilerai rien de plus sur la trame romanesque de ce livre que j'ai dévoré.

Ce qui m'a intrigué le plus finalement ce sont les références historiques qui accompagnent le récit. J'y découvre avec stupéfaction qu'avant la première guerre mondiale il existait un véritable engouement pour le marathon. On peut même parlé d'un âge d'or au début du 20ème siècle avec pour point d'orgue le marathon des J.O de Londres de 1908 avec la victoire de Dorando Pietri, quasiment inconscient à l'arrivée et porté par les officiels. Il sera finalement disqualifié.



Mais je découvre également que cette Trans-América fictive de 5000 kilomètres décrite par Tom McNab, tient sa source  dans une épreuve qui s'est réellement déroulée en 1928 : la Bunion Derby qui traversait les E-U, empruntant notamment la toute nouvelle route 66 dont elle devait faire la publicité. Elle sera remportée par un jeune homme de 20 ans, Andy Payne. Après une deuxième édition l'année suivante, effectuée d'Est en Ouest cette fois-ci, et par seulement 15 coureurs, elle est abandonnée jusqu'en 1992.

  

Elle reprendra donc par intermittence en 1992, 1993, 1994, 1995, 2002, 2004, 2011 et 2012.
Il est a noter qu'une Trans-Europe devrait avoir lieu en 2016 permettant aux coureurs de rallier l'extrême est de la Pologne à la pointe ouest de l'Espagne, soit 4000 km en 60 jours consécutifs.




Si je devais garder une citation du livre de McNab en guise de conclusion ça serait celle-ci :

"L'entrainement est physique, la course est émotionnelle."

 

Elle me donne envie d'accrocher un dossard. Que cela soit sur 10, 21, 42....ou 5000 km (?!), car c'est avant tout l'émotion qui nous fait courir.





2 commentaires:

Unknown a dit…

Ne m'en veux pas mais j'ai souris quand j'ai lu "j'ai réouvert" au lieu de "rouvert" juste avant "salon littéraire". MDR, je me moque.
Par contre, je vais me procurer ce livre rapidement. J'ai rarement lu des romans sur la CAP ou qui l'ont pour toile de fond. Merci !

armand rougier a dit…

Héhé...il se moque mais il a pas vérifié avant se moquer.
Je "réouvre" est tout à fait correct, tout autant que je "rouvre", mais que je trouve plus lourd.
Je referme le dossier.