dimanche 11 janvier 2015

Le trail des coteaux de Bellevue

Après les évènements qui ont marqué cette semaine, et à propos desquels tout a été dit, qu'il est difficile de reprendre la tenue d'un (pauvre) blog de running. En ce jour de gigantesque rassemblement citoyen, je me sens un peu futile d'évoquer mon activité matinale et dominicale, à savoir "courir dans la boue".

Mais je ne pense pas que cela choquera mes centaines de milliers de lecteurs assidus si je me permets de revenir à des préoccupations un peu égoïstes. De plus, je reste bien entendu Charlie, comme je l'ai été depuis cette funeste date du 7 janvier. J'ai pu d'ailleurs témoigner mon dégoût et mon angoisse, le soir même place du Capitole et partager quelques moments émouvants entre Toulousains.
 
Donc pour revenir à des choses plus triviales (ou trailviales...oulà), j'avais rendez-vous ce matin à Pechbonnieu avec la boue. Mais pas n'importe laquelle, de la bien épaisse et grasse qui colle impeccablement sous les pompes. De cette matière qui t'empêche d'avoir un quelconque appui stable.

Les coteaux de Bellevue (21km)

Arrivé sur-place vers 8h40 au gymnase Collette Besson, je retire mon dossard. Il flotte dehors. Je prends un petit café. L'ambiance est sympa. En guise d'échauffement je rejoins le point de départ situé à Saint-Loup-Cammas à 1,9 km précisément. Après une minute de silence en hommage aux victimes le départ est lancé, nous sommes à peu près 450.




Pendant 2, 3 kilomètres nous descendons des routes goudronnées afin de nous glisser (c'est le cas de le dire) dans la forêt. Jusque-là tout va bien, mes pieds font plic, plic, plic. Je n'ai pas encore conscience de ce qui m'attend. Et puis arrive la première montée, le plic commence déjà à se transformer en ploc. Mais pour l'instant j'ai les jambes, je reprends quelques coureurs.

En mode mud

Nous entrons enfin dans le dur....ou plutôt dans le mou, le très mou.
A savoir une succession de montées, de descentes, de fossés à négocier avec quasiment aucun appui.
Il faut sans arrêt maîtriser cet art subtil du déséquilibre. Je trouve ça vraiment dur, d'autant plus que la terre s'accumule sous les chaussures qui pèsent dorénavant un âne mort.
Avec mes deux ânes sous les pieds je tiens le coup, mais pas pour très longtemps car ce qui devait arriver arriva et de façon magistrale. Mon pied droit décide de me lâcher alors que je doublais une concurrente du 12km. Je glisse et me prends une magnifique gamelle.



Je me lève, un peu vexé, il faut le dire, et je reprends. Je ne fais plus qu'un avec la terre.
Plus tard c'est une méchante bosse, hyper abrupte, qui a raison de moi. Je mouline, comme un malade, mais ça ne sert à rien, j'ai déjà la tronche dans la bouillasse, mes lunettes tombent, oups...

Rien de passionnant ou de drôle, voire d'humiliant ne m'arrivera dès lors. J'ai décidé de profiter des bienfaits de cette matière qui me redonnera un coup de jeune, j'en suis sûr.

Bon, c'est vrai cela a été un peu frustrant de tant lutter contre la gadoue et en même temps, un trail de début d'année en forêt, c'est ça ou du verglas et un sol très dur.

Un final à couper le souffle

Donc cahin-caha, je vais enfin sortir de la forêt et du tunnel, plein de boue, pour attaquer la dernière partie. Nous finissons la boucle et reprenons les routes goudronnées du début de trail. Sauf que là bien sûr, cela monte.  Et ce n'est pas peu dire que j'ai les jambes coupées et le souffle court.
Bon je lève le suspense, je conclus cette course en 2h16, en 231ème position sur 447. Je suis presque à la moitié. Et dans ma catégorie (vétéran1....et oui vétéran) 81ème sur 159. Ah j'y suis quasiment à cette première moitié de classement. Je suis content car, de toute façon, cela m'a fait un super entrainement pour ma prochaine échéance.



Merci aux "Zinzins des coteaux" qui nous ont concocté ce trail fort sympathique et (un peu) humide.

Direction Marrakech

Et oui dans quinze jours, je suis au Maroc, pour courir mon deuxième marathon. Temps à battre 4h13. J'espère vraiment flirter avec les 4h et dans mes rêves les plus fous finir en 3h59 59 secondes.


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Je vais retrouver mon bitume avec plaisir, finir ma préparation, laver mes chaussures, programmer la machine à laver en mode "intensif", me cuisiner un couscous et Marrakech....prend garde à toi, me voilà.

La journée fut donc belle pour des millions de Français, je l'ai vu avec émotion sur les réseaux. Moi, j'étais puni, cloîtré dans ma cabine de projection que j'ai dû retrouver tout de suite après la course. Et oui le travail du dimanche, je connais. Je précise également que je peux me doucher sur-place.

Mais après tous ces évènements, que ce trail m'a fait du bien. J'ai aimé ce moment de silence avant le départ et les applaudissements qui ont suivi. Et puis il y a eu cette communion entre coureurs dans la joie et la gadoue, pour finalement signifier que dans cet acte simple de courir, nous défendons notre propre liberté.

Au-delà des polémiques, nous sommes Charlie.

2 commentaires:

Unknown a dit…

T'es pas très couvert par rapport à tes copains. Mais bravo pour ton trail et surtout ton récit que je trouve de qualité. Fais gaffe où tu mets les pieds la prochaine fois, ce sera moins dégueu pour la machine.

armand rougier a dit…

Next time : Marrakech ! Ca devrait être un peu plus sec !